Quand on parle d'environnement, les transports sont – fort justement – montrés du doigt (Ils sont en effet responsables de près de 30% des émissions de CO2 de l'UE. Parmi celles-ci, 72% proviennent du transport routier. Source Parlement Européen, 04/19). Les bienfaits du vélo à la fois pour la pollution, la flexibilité et la santé ne font pas débat.
Quelle politique municipale à Thorigné-Fouillard ?
Sur le site de la ville, on peut lire l'éloge des « Liaisons douces » : « la ville développe les cheminements doux afin de mailler le territoire d'itinéraires sécurisés permettant de se déplacer sans utiliser la voiture : ils représentent aujourd'hui la moitié de la longueur totale de voirie, soit 20 km. Les chemins verts (accessibles aux piétons et aux cyclistes) relient les quartiers entre eux. (…) Les bandes cyclables (exclusivement cyclistes) et les trottoirs partagés (piétons et cyclistes) suivent généralement le tracé des voies routières et permettent plus particulièrement les déplacements "utilitaires" ».
Dernièrement, le 21 septembre, la ville a organisé une « Journée de la mobilité » dont l’objectif affiché était de permettre aux habitants de découvrir des modes de déplacement alternatifs à la voiture.
Dans le même temps, on constate que les derniers travaux de voirie ne semblent pas avoir prévu d'espace pour les cycles (rue de la Forêt), ou ont supprimé des pistes cyclables (avenue René-Jean Mailleux). On peut ainsi lire dans le journal municipal de juin : « Les vélos circuleront sur la chaussée afin d’éviter les conflits d’usage avec les piétons et limiter la vitesse des véhicules, tout en rendant plus efficace les déplacements des cycles. Une fois les travaux d’enrobé terminés, Rennes Métropole reprendra les marquages (...) de la bande cyclable sur les rues de la Petite Barre et Jean Auffray ».
De plus, en réponse aux questions des habitants lors des réunions de quartiers de mai-juin 2019, on nous explique qu' « il n’y a pas de continuité prévue entre la Marquerais et Thorigné-Fouillard, car une piste cyclable de ce type serait très coûteuse au regard du nombre d’usagers potentiels. »
Plusieurs sons de cloche donc pour une politique municipale confuse et illisible. Les équipements sont à cette image : un réseau disparate et souvent mal conçu voire dangereux. Que faut-il comprendre ? Qu'on fait les choses au coup par coup sans cohérence ni positionnement clair ? Que la sécurité des Thoréfoléen-ne-s passe après des considérations budgétaires ?
Qu'en pensent les usagers ?
Nous en avons sollicité quelques uns, qui vont travailler à vélo. Matthieu semble plutôt satisfait de la partie thoréfoléenne de son trajet quotidien jusqu'à... La Courrouze , tandis qu'Hélène et Franck qui vont à l'est de Rennes pointent deux axes qui nous paraissent déterminants: la première s'inquiète du comportement des automobilistes et le second se montre très critique sur les aménagements sur la commune, en particulier la piste cyclable de la rue Nationale.
Franck déplore « Plusieurs discontinuités qui obligent le cycliste à se réintroduire dans le flux des voitures, un danger pour le cycliste qui peut préférer dans ce cas rester sur la route», un « revêtement de mauvaise qualité doublé de multiples plaques d'égout ou telecom », « Peu ou pas d'espace pour les piétons à certains endroits», et des « stationnements fréquents de véhicules sur la bande cyclable ».
Hélène souhaiterait « que les automobilistes soient un peu plus attentifs à notre présence, en particulier dans les ronds points ». Elle rêve que des vélos plus nombreux obligent les automobilistes à plus de respect.
Il ressort globalement de ces entretiens qu'il faut commencer par rassurer les cyclistes.
Donc une continuité et un revêtement uniforme associés à une information des automobilistes semblent être une solution, ce que confirme Lou, militant cycliste, interrogé sur le sujet : « Acter que les vélos n'ont rien à faire sur le trottoir va dans le bon sens (...) C'est toujours un mauvais choix de mettre les vélos ailleurs que sur la chaussée. C'est refuser de voir celle-ci comme un espace partagé par tous et non un espace voiture dédié à la vitesse. Ensuite, par delà cette très bonne intention, il est contestable de considérer les cyclistes comme des ralentisseurs. Ça risque d'aller à l'encontre d'un objectif d'incitation aux déplacement à vélo.».
« Si on ne fait pas de bons aménagements on aura peu d'utilisateurs. Et si les décideurs disent que ça ne vaut pas le coup d'investir car il y a peu de cyclistes, on tourne en rond » conclut Franck.
Et du côté des associations d'usagers ?
Si l'idée n'est pas juste de tenir un discours dans l'air du temps, mais de réellement favoriser l'usage de la petite reine, il faut des aménagements sérieux et pensés sur le long terme.
Cela tombe bien : Rayons d'Action, l'Association des usagers de la bicyclette de Rennes Métropole, souhaite mettre le vélo au cœur des prochaines élections municipales : « À quelques mois des élections, le Baromètre 2020 va permettre de faire parler du vélo dans toutes les villes. Les candidats aux élections auront ainsi l’occasion de se saisir des résultats afin de pouvoir construire leurs programmes électoraux au sujet du vélo, avec l’aide des associations locales. Ils pourront ainsi par exemple s’appuyer sur les points faibles constatés par les usagers de leur ville afin de proposer des solutions dans un programme ambitieux. »
La FUB ( Fédération Française des Usagers de la Bicyclette) mène en ce moment une enquête sur la cyclabilité des villes françaises (https://www.parlons-velo.fr/) et appelle à ce que le vélo soit un enjeu des municipales 2020 : « Les attentes des usagers sont fortes. Que ce soit en ville ou en milieu rural, ils appellent de leurs souhaits la mise en place de véritables systèmes vélos dans leurs territoires et au niveau national., Face aux problèmes de congestion urbaine, de pollution de l’air, et à l’image de villes comme Copenhague ou Amsterdam, certains élus ont investi dans des infrastructures de qualité permettant une augmentation sensible du nombre d’usagers. »
A nous, citoyens cyclistes, de nous emparer de ces opportunités !
Pour aller plus loin :
- Le Baromètre Parlons vélo des villes cyclables est en ligne. Du 9
septembre au 30 novembre 2019, répondez à l’enquête de la FUB (Fédération Française des Usagers de la Bicyclette) sur la cyclabilité des villes françaises. - Association des utilisateurs de bicyclette à Rennes : Rayons d'action.
- L'étude du CEREMA sur les bonnes pratiques sur les politiques cyclables.
- Une analyse pertinente sur une rue de Bourges : les vélos permettent de ralentir les voitures en ville.